dimanche 2 mai 2010

AnaCo1 - Anaya - De chouettes gamins - La saison des mangues

Didier de Lannoy
La vie au taux du jour
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 1
Première compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : dépêches (littérature « immédiate », sketches interactifs, croquis à la carte ou dazibaos bringues-zingues-dingues, que sais-je…) dont certaines ont déjà été placardées sur internet ou spammées sur Outlook… dans lesquelles je m’autorise à exercer, en toute liberté, mon droit de citoyen de me mêler de n’importe quoi… et surtout d’ « affaires » dont on m’a bien fait comprendre que je n’y connaissais rien et qu’elles ne me concernaient pas du tout… et que j’avais plutôt intérêt à fermer ma grande gueule.
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac



Sur l'agnace AnaCo, voir aussi:
http://anaco2.blogspot.com/

et
http://anaco3.over-blog.net/

Sur le Congo, voir aussi (notamment):



Anaya


Ya Nze et Maman Marie

viennent

- Une petite fille !

- Comment s’appelle-t-elle ?

- Anaya !

d’adopter un enfant.


Biyela, Matou, Antoine, Nicky et Bibiane ont une petite sœur.

Bon espoir de reprise à Kinshasa.

On aimerait bien savoir

- On aimerait bien savoir ce qui se passe…

- …

- On aimerait bien savoir ce qu’ils font… Ils sont là, avec leurs masques… On ne nous dit jamais rien…

- Ce sont des policiers, madame, ils font leur travail…

- C’est tout ce qu’ils savent faire, ramasser les corps ?

- …

- Quand pourrons-nous regagner notre maison ?

- On ne sait pas madame…


Quand ils étaient plus petits


Quand ils étaient plus petits, c’étaient pourtant de chouettes gamins, non ?

Et maintenant, ils vaguent. La journée, ils s’asseyent assis sur un rebord de fenêtre, ils s’adossent à une porte, ils « font le mur » à un coin de rue, ils se rassemblent devant un magasin, ils glandent. Et le soir, ils rôdent, vadrouillent, s’embusquent. En jeans ou survêtement de jogging. Quelquefois en sweat-shirt à capuche. Mais toujours en baskets. De la friterie de la place Flagey à l’arrêt du bus de la place R. Blyckaerts. Du piétonnier de la rue de la Longue Vie (le Couloir de la mort ) aux couloirs de la Galerie d’Ixelles et à la station de métro de la Porte de Namur (et sur le trottoir, devant le Quick ). Des Etangs noirs à Ribaucourt ou à Simonis.

Ils s’appellent (des noms volés ou empruntés) Trezor, Missoud, Mario, Rumba, Della, Wally, Issa, Polo, Dido, Kevin, Tarzan, Azze, Eddy, Dunga, Talip, Zébuth, Doudou, Zombi (qui serait un apôtre du catcheur Edingwe « Moto na Ngenge »), Boa (surnommé « L’Etrangleur »), Zulu, Kebaz, Apache, Shabab, Djene, Tonton, Billy, Tocard, Magic, Zarwa (lequel, évidemment, est un « masta » originaire de Zarwa-sur-Sambre), Fatu, Sampro, Trésor, Yaguine, Tatu, Degol, Trudon, Donat, Nioka, Wongy, Déphy, Zomi, Pelé, Mivé, Gento, Jetaime, Lewis, Seba, Tshoso, Ponpon, Dunga, Omar, Kilo, Papy, Simba, Baby, Chaleur, Fiston, Godé, Fodé, Wadee, Dénis, Bodi, Patchou, Djerba, Tocha, Kuntha, Grace, Saddam, Khalil, Chouchou, Scooter.

Pas d’études, pas de travail, pas d’appart. Et pas même de petite copine.

Ils s’appellent Héritier (ou Heri), Zorino, Koliba, Godzila, Apollo, Exaucé, Sakara, Eboma, Maître Kas, Sokoro, Antipas, Mulayi, Demayo, Kingoro, Casamar, Papitcho, Moruma, Jeannorat, Ya Féros ou Rinaldo.

Ou Ketchup-Mayo, Tika Mwana, Azévédo, Kotakoli, Farid le Fou, Flurk la Canaille, Flesh le Vengeur ou Pecos le Libérateur

Pas de pognon, pas de compte en banque, pas de carte de crédit, pas de quad, pas de booster, pas de katkat, pas de fringues ou de chaussures de marque, pas de vacances en Espagne ou dans une île privée de l’archipel des Fidji, pas de sports d’hiver en Autriche ou au sommet du mont Ruwenzori, pas de spots, pas de gloire, pas de respect. Et pas même le droit d’entrer dans une boîte à la mode et de draguer une gonzesse.

Et une envie énorme, vertigineuse, excessive, monstrueuse. Une envie dévorante de posséder tout ça.

Ils s’appellent Joe, Jon, Diz, Kas, Rum, Driss, Bwik, Djo, Med, Mac, Just, Clap, Snel, Jah, Jazz, Zeck, Bey, Ross, Nick, Zef, Vié.

- Et des filles, il n’y en a pas ?

- Quelques-unes, pas beaucoup, trois ou quatre par bande, des copines… des petites sœurs, quoi !

Ils s’appellent Zid, Fat, Pix, Tex, Cap, Kid, Zem, Jeff, Zand, Flesh, Chuck, Zwik, Fred, Trick, Dog, Rof, Tom, Rap, Rom, Sat, Jock, Bill, Duke, Rock.

L’âge et

- Depuis toujours, on sait qu’on va dev’nir chômeurs ! T’as vu la gueule qu’on a ! Et on n’touchera même pas d’allocs !

le chômage aidant, ils en sont venus à ne plus supporter

- Ils savent déjà tout sur nous, qu’ils disent !

les agents de l’ordre, quels qu’ils soient : les pères, les mères, les oncles, les tantes, les tontons, les tantines, les grands frères, les grandes sœurs, les curés (qui se cuitent au vin de messe fumé, accordent des absolutions contre des pipes sans capote, font passer le chapeau et demandent une dringuelle pour avoir si bien raconté la messe, piquent l’argent dans le tronc des pauvres et des sans-papiers), les imams et les rabbins (qui mouchardent et vendent les mèches aux flics et aux parents), les profs d’esthétique de solfège, de gymnastique et de philosophie (qui prennent un malin plaisir à relever les absences), les sans domicile fixe (qui se permettent de donner des leçons de civisme et de morale), les livreurs de pizzas et les chauffeurs de taxis, les gérants de lavoirs publics et les concierges d’immeubles de logements sociaux (qui les chassent et appelent la police), les surveillants, les vigiles, les facteurs (qui déposent furtivement des avis de recommandés), les huissiers (qui, chaque semaine ou chaque mois, font chier leurs vieux et reviennent avec des flics et un serrurier), les scouts, les assistants sociaux, les infirmières de garde, les aides-ménagères, les caméras de surveillance, les journalistes de la télévision, les compagnons de classe ou les collègues de bureau qui me prennent en photo sans solliciter ma permission, les magistrats de la jeunesse, les stewards de la STIB et les agents de la brigade du métro, les éducateurs sportifs, les animateurs de maisons de jeunes et les gardiens de l’espace public, les videurs de discothèques (qui ne les laissent pas entrer et menacent de leur tirer dessus), les réceptionnistes d’hôtels et les vendeuses de magasins (qui déjà les soupçonnent et les surveillent du coin de l’œil, le doigt sur la gâchette ou sur un bouton d’appel), les ambulanciers, les éboueurs, les ramasseurs de crottes, les balayeurs de joints et de mégots (qui savent tout ce qui se passe dans le quartier), les serveurs et les serveuses du Quick ou du McDo, les croque-morts et les convoyeurs de fonds, les médecins urgentistes (qui se promènent avec un stéthoscope autour du cou pour être craints et respectés), les contrôleurs de tickets et les agents chargés de la billetterie, les chauffeurs de salles et les animateurs de supermarchés, les pompiers et même les conducteurs (ceux du métro, on ne les voit même pas) de bus ou de tram.

C’est ainsi qu’ils brisent la vitre latérale d’un bus avec un pavé. Et aspergent de gaz lacrymogène un conducteur de la STIB qui refuse de leur ouvrir les portes de son véhicule (dans lequel s’étaient réfugiées trois jeunes filles

- Elles hurlaient de trouille et refusaient de sortir de la patache ! C’était vraiment très excitant ! Bandant comme une morsure d’araignée !

qu’ils convoitaient depuis longtemps et sur lesquelles ils avaient, ce jour-là, décidé

- On va les coucher ! On va les faire tourner !

d’apposer leur cachet). Et qu’ils traînent dans les magasins et sur les trottoirs, arrachent les rétroviseurs, brisent les vitres des véhicules, font sauter les cadenas avec un coupe-boulons, volent (et revendent) des CD et des DVD, des appareils photos et des bouteilles de champagne, squattent l’entrée des immeubles, dévisagent et sifflent toute les femmes (l’étudiante se rendant au cours et

- Salope !

la jeune mère promenant son bébé dans une poussette et

- Sale pute !

la vieille maman revenant du marché et

- Grosse morue ! Je nique ta fille !

tirant un caddie rempli de patates et de poireaux) qui passent, crachent sur les paillassons, urinent dans les ascenseurs. Et qu’ils dealent, qu’ils dealent, qu’ils dealent. Et qu’ils attaquent un pharmacien (le coup de boule dans la gueule, les lunettes qui se brisent, le morceau de verre qui transperce un oeil). Et qu’ils fauchent des souliers à l’entrée de la mosquée de la rue des Mégissiers, à Cureghem, pendant le prêche du vendredi, et des tongs et des serviettes de bain sur la plage de Coxyde où des colonies de phoques sont venues s’allonger et se reposer. Et qu’ils saccagent un cimetière pour chiens. Et qu’ils arrachent les sacs et les caméras des touristes harceleurs et voyeurs. Et qu’ils tabassent un voyageur, sur un trottoir de l’avenue Fonsny, à la sortie de la gare du Midi. Et les téléphones portables

- Masta, kabela nga appareil nayo nabenga !

et les montres et les lecteurs et les baladeurs

- Il y a deux espèces de mecs sur terre, ceux qui ont un MP3 (des fringues, des chaussures griffées, un quad, un booster) et ceux qui n’en ont pas ! Et si t’as pas ça, t’es rien !

des fils de bourges et ne leur laissent rien (ni leurs fringues, ni leurs chaussures griffées), même leur vie, sauf leur slip.

- On va casser du scout ! On se faire des cheveux long ! On va leur raser le crâne !

Et qu’ils provoquent une bagarre (à la bouteille et au couteau) dans une salle de banquets

- On va leur gâcher la fête !

d’Evere ou de Zaventem. Et qu’ils empruntent les escalators du métro à contresens et qu’ils déclenchent le signal d’alarme des bus et des trams. Et qu’ils observent les gens (cherchant à repérer la tendre bique et le vieux bouc) qui font la file sous une pluie glaçante devant les distributeurs de billets de banque. Et qu’ils marquent leur territoire et qu’ils chassent les inconnus osant s’y aventurer. Et qu’ils cachent leurs sacs à dos (contenant cinq haches, deux scies pliables, des bonbonnes de gaz lacrymogènes, une dizaine de couteaux, des battes de base-ball, des marteaux, des cagoules, un poignard et un pistolet à air comprimé) dans les buissons du square Ambiorix. Et qu’ils affrontent les gars des autres bandes ou des autres « écuries ». Et qu’ils les piquent et qu’ils les pointent.

Ils s’en prennent ensuite aux magistrates qui se permettent de les juger et

- Vieilles putes ! Ne vous étonnez pas si votre téléphone s’arrête de sonner, vous êtes devenues trop chères et trop moches !

aux jeunes gendarmes qui les gardent et

- Fils de sales putes !

leur font un bras d’honneur.


Est-il exact que la saison des mangues s’achève le 15 septembre au Pakistan ?


Dans le quartier chinois de Djakarta, un homme-corbeau et une femme-rat, surpris par l’éruption d’un volcan, se réfugient

- Pour quelles négociations furtives ou quels conciliabules nauséabonds ?

à l’intérieur d’une poubelle.


Dans la ville de Comilla, à l’est du Bangladesh, un bus percute un rickshaw, provoquant l’explosion des deux ou trois bonbonnes de gaz qu’il transportait… Quarante personnes au moins meurent dans l’incendie, brûlées vives.


Une mini-tornade s’abat sur Bethléem et sa banlieue proche.

Des visages d’hommes se cachent derrière des masques de tueurs. Des puits sont scellés. Des rivières sont détournées… se perdent dans les sables et n’atteindront plus la mer. Des vautours attaquent les cerfs-volants des enfants. Des villages et des écoles sont entourés de rouleaux de barbelés.


Des elfes, accrochés aux branches d’un arbre mort, flottent au vent comme des sacs en plastique. Ils essayent vainement de se libérer et finissent par mourir d’épuisement.


Mais on dit qu’après l’éclipse

- C’est merveilleux le soleil mais il ne faut pas attendre que ça s’allume ! Il faut y mettre le feu !

le soleil, peu à peu, tôt ou tard, refait son apparition…

Et que les coqs, alors, se mettent à chanter…


Au Kafiristan, au pays des non-croyants, dans les vallées kalasches, à Rumbur et à Bumboret, un taureau reproducteur porte le monde sur ses épaules… attaché à un piquet, dans un pré de coquelicots



Evolution de nos sociétés vers un développement durable.


Le recyclage des lèvres usagées et des yeux fatigués (et des fesses et des bites et des cons et des mamelles) constitue un creuset de nouveaux emplois ?

Des lampes de poche fouillent à l’intérieur des corps nus ? A la recherche de pièces de rechange ?


AnaCo 1 - Angelica Cajamarca - Les espèces étrangères envahissantes

Didier de Lannoy
La vie au taux du jour
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 1
Première compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : dépêches (littérature « immédiate », sketches interactifs, croquis à la carte ou dazibaos bringues-zingues-dingues, que sais-je…) dont certaines ont déjà été placardées sur internet ou spammées sur Outlook… dans lesquelles je m’autorise à exercer, en toute liberté, mon droit de citoyen de me mêler de n’importe quoi… et surtout d’ « affaires » dont on m’a bien fait comprendre que je n’y connaissais rien et qu’elles ne me concernaient pas du tout… et que j’avais plutôt intérêt à fermer ma grande gueule.
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac



Sur l'agnace AnaCo, voir aussi:
http://anaco2.blogspot.com/

et
http://anaco3.over-blog.net/

Sur le Congo, voir aussi (notamment):



Les rois mages


Le six janvier de quelle année les petits enfants pourront-ils enfin mettre de grandes chaussettes au balcon de ma maison et espérer que des rois mages, de retour de Bethléem, ne se feront pas arrêter

- Vous n’avez pas le droit de vendre votre camelote (cigarettes sénégalaises, lampes d’Aladin, mouchoirs en papier thaïlandais et disques piratés nigerians, jouets républicains et populaires chinois) sur la place du marché ! Déguerpissez !

par une patrouille de l’armée d’occupation (ou par une bande armée de Guillaume de la Marck) (ou pas des « éléments » incontrôlés de la Garde Spéciale et de Sécurité Présidentielle, en état d’ébriété, semant la panique au quartier Mpasa III de la commune de N’Sele, obligeant les femmes et les jeunes filles à se réfugier dans les marécages et d’y attendre le lever du jour) et qu’ils les rempliront de nombreux cadeaux ?

Et pourront-ils aussi accrocher de grandes étoiles brillantes aux portes et aux fenêtres de la maison de leurs parents pour guider des rois mages et

espérer que les snippers ne les prendront pas pour cibles ?



Les singes voleurs


Vol de nourriture (des intestins de calamars et des bananes fourrées à la cocaïne) dans un supermarché. Des plats rares et des produits de luxe. Les chiens de surveillance

- On ne se permet pas d’avoir faim au-delà de ses moyens ! C’est une question d’équité, messieurs !

admonestent

- On n’ouvre pas les paquets de biscottes avec un canif, on ne déchire pas les emballages de salami avec les dents, on ne mange pas la nourriture avant d’être passé à la caisse ! C’est une question de civisme, messieurs !

les singes voleurs et

- On ne met pas les pieds sur la table, on ne mange pas avec les doigts, on ne jette pas son repas par terre, on n’avale pas un avocat sans le dénoyauter ! C’est une question de politesse, messieurs !

leur donnent des leçons de morale.

- On ne prend pas une grenade pour une boîte de conserve (et on n’essaie pas de l’ouvrir en cachette) ! On ne boit pas avant d’avoir soif (surtout de l’eau de Javel) ! C’est une question de dignité, messieurs !


Les singes voleurs

- Les chimpanzés sont-ils des singes de gauche ?

grimpent au sommet des étalages, sautillent, chahutent, grimacent, tirent sur les tresses des fillettes, invectivent les chiens, leur crachent dessus, s’encourent en ricanant.

Un éléphant venu du Burkina-Faso s’enfuit en galopant en direction de la place Flagey. Il saccage les étals des maraîchères et détruit les récoltes des villageois.

Une girafe plonge dans les étangs d’Ixelles


Ce lundi 30 juillet 2007, à huit heures du matin, Angelica Cajamarca et sa maman ont été emmenées de force dans la zone de transit de l’aéroport de Zaventem


A Ans, près de Liège, au Royaume de Tintin
un père de famille, un dresseur de chien, a enfermé
- Elle avait utilisé le téléphone portable de son père sans autorisation ! Je devais la punir !

une fillette de 8 ans dans une cage grillagée, pendant deux heures…


A Steenokkerzeel, près de Bruxelles, au Royaume de Tintin
un père de famille, un Ministre de l’Intérieur, a enfermé
- Elles avaient respiré l’air de la Belgique sans autorisation !

une fillette de 11 ans et sa mère
- Une rafle ?
- Mais non, une dénonciation citoyenne ! Elles ont été arrêtées par la police, à l’arrêt du bus, à Dilbeek... Elles ressemblaient à des Gitanes...

dans un camp de déportation, depuis le 30 juin dernier…


Anne Malherbe, épouse de Rafael Correa, sera-t-elle bientôt expulsée d’Equateur ? Publierons-nous, un jour, le « Journal d’Angelica Cajamarca » et en ferons-nous un grand succès de librairie ? Le Ministre de l’Intérieur sera-t-il, comme le dresseur de chien, placé sous mandat d’arrêt et détenu à la prison de Lantin pour traitements inhumains et dégradants ?



Les aveugles aussi ont des yeux


Comment procéder à l’exécution d’un homme de soixante-quinze ans, aveugle, aux yeux noisettes

- Les aveugles ne balaient pas devant leur porte…

sourd

- Les sourds n’obéissent pas aux ordres…

muet

- Les muets ne répondent pas aux questions qu’on leur pose…

et se déplaçant

- Les handicapés refusent de se mettre au garde-à-vous…Ils ne savent même plus frapper le sol des pieds pour chasser les mauvais esprits…

dans une chaise roulante aux pneus dégonflés ?


En Irak ou en Afghanistan, alors qu’il se rendait à une veillée funèbre

un vieux papa de soixante-quinze ans a été enlevé, enfermé dans une cage et transporté jusqu’au sommet d’un immeuble et précipité

- C’est profond ?

du haut du toit…


Piqué par les moustiques, son état s’est vite dégradé.

- Il fallait faire quelque chose, n’est-ce pas !

Un python humanitaire a été introduit dans la cage du vieux et a rapidement dévoré ses restes.


Tandis que des GI’s montaient la garde devant des stations-service.

- Ce n’est pas un péché de tuer des Irakiens !


Les EEE


Expulsons les Espèces Etrangères Envahissantes qui peu à peu, patiemment, méchamment, éliminent toutes nos espèces indigènes : l’écureuil de Corée, la grenouille taureau (dangereux prédateur !) (insectes xylophages, poissons aveugles, oisillons transparents, rien n’échappe à sa bouche infecte !), le moustique tigre (vecteur de chikungunya !) qui se

- En silence ! Pour ne pas se faire repérer par le sonar des chauves-souris !

cache dans le creux des arbres, les carcasses de voitures et de vieux camions datant de l’époque coloniale (des « Blocau » et des « Sans-Payer » ), les caniveaux bouchés et les poches d’eau des vieux pneus

Et le bison d’Amérique et la patate d’Amérique (qui provoque l’indolence et véhicule la lèpre) et le haricot d’Amérique et la tomate d’Amérique.

Et la coccinelle asiatique ! Et le crabe chinois (qui ne cesse de conquérir de nouveaux territoires) !

Et l’herbe à puce ou le lierre vénéneux du Québec et de l’est des Etats-Unis (qui pourrait étouffer nos forêts) !

Et le prosopis (arbre épineux originaire d’Amérique du Sud et qui produit un excellent bois de chauffage et

- Le psoriasis?

- Le prosopis!

- Le « pro » quoi ?

- Sopis !

dont le pollen donne le meilleur miel mais qui, actuellement, est en train d’envahir les terres de culture et les zones de pêche du Kenya et qui s’emploie à chasser les acacias locaux et

- Les chèvres, édentées, meurent d’inanition !

dont les cosses, trop sucrées, abîment la dentition des chèvres et dont les redoutables épines blessent le bétail et ceux qui en ont la garde) et la perche du Nil (qui prospère aujourd’hui dans les eaux du lac Victoria) et le crabe royal rouge (déporté de la mer d’Okhotsk et qui prolifère à présent dans la mer de Barents) et le crapaud buffle (exilé en Australie

- Où les autorités sollicitent à présent l’intervention de l’armée pour enrayer son invasion !

pour limiter les populations d’insectes dans les cultures de canne à sucre) et l’écrevisse de Louisiane (qui abonde en Camargue).

Arrachons le séneçon d’Afrique du Sud dont les graines ont été introduites au pays de la Vesdre dans les ballots de laine de « moutons exotiques » importés, au début du siècle passé, par les filateurs de Verviers.


Eradiquons, surtout, la mérule

le croisé, le coalisé, le navigateur, le conquistador, le marchand d'épices rares dont le navire est lesté par des esclaves enchaînés à fond de cale, l’explorateur, le monpé (faisant la chasse aux enfants

- Leur jeune âme s’ouvre plus facilement à la morale chrétienne !

dans les villages), le colon, le coopérant, le bourlingueur, l’écrivain du voyage, l’expert de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, le mercenaire et l’humanitaire, le correspondant de guerre en Iraq et le gardien de zoo de Guantanamo, le capitaliste et le touriste

le visage pâle, le yankee, le farani, l’inguirîss, le mputulugè, le belanda de Java ou des Célèbes, le long nez, le babtou, le yovo, le bulanko, le muzungu, le leucoderme, le béké, le popa, le mundele ngulu, le roi fantôme du Kasayi

- Mukalenga mukishi !

le coco rapé, le cochon gratté des Camerounais, le rat blanc des Mauriciens qui

a agressé toutes les nations

a asservi tous les peuples

s’est emparé de toutes les terres

s’est approprié toutes les richesses. Et qui

- Le planétariste ! Le civilisateur ! L’universaliste ! Le globalisateur ! Le multinationaliste !

s’est pris à découvrir, explorer

- Je n’ai rien fait de mal, moi ! J’ai reconnu le bas cours de l’Ogooué et de la Ngounié ! J’ai installé des comptoirs sur la côte ! J’ai échangé de l’alcool, des armes, des tissus et des bijoux de pacotille contre de l’ivoire, du bois et des esclaves ! J’ai pénétré ensuite dans le bassin du Congo ! J’ai chassé le gorille, le crocodile, le léopard, l’éléphant et l’hippopotame ! C’est tout ! Je n’ai fait de tort à personne, moi !

envahir, exploiter, spolier, piller affamer, violer, empaler, massacrer, asservir, éradiquer, syphiliser, ethnologiser, primitiviser, indigéniser, empailler et exposer sur des socles de bois dans des musées d’histoire naturelle, pandémiser, bastonner, chicoter, enchaîner, mettre au pilori, amputer (couper les mains et, quelquefois

- Seulement quand c’était nécessaire !

la tête), humilier, rabaisser, dédaigner, trahir, entuber, entôler, flouer, arnaquer, enculer, corrompre, soudoyer, pervertir, emplumer, exhiber dans des foires et des expositions universelles, évangéliser, christianiser, hinterlandiser, berliniser, déshumaniser, déshabiliter, mystifier, rançonner, déplacer, déporter dans des camions empestant la merde et l’urine

soumettre aux travaux forcés

- D’ordre éducatif !

pendre ou fusiller sur la place publique

- Seulement en cas de rébellion flagrante !

coloniser, normaliser, parcelliser, segmentiser, séparer, diviser, ségréger, cartographier, embrigader, incorporer, cantonniser, cotonniser, militariser, marchandiser, consumériser, prolétariser, larbiniser, fiscaliser, déculturer, crétiniser, folkloriser

- Voilà tout ce sont ils sont capables ! La danse, disait le vade-mecum de la Territoriale du Congo belge est « le seul exercice d’assouplissement physique dont s’accommode leur coutumière indolence » ! « Si nous n’étions pas venus les bousculer », écrit, hier encore, José Trussart (alias Tairhumène), « ils seraient toujours en train de chasser et pêcher et cueillir, et danser idiotement sur (leurs) terres, en ignorant qu’en dessous de leurs pieds se cachaient de l’or, du cuivre, du cobalt, du diamant, et autre uranium, copal, caoutchouc »…

bétonniser, bitumiser, déforester, coopériser, bruxelliser, globaliser, mondialiser, touristiser, climatiser, pétroliser, dollariser, trottoiriser, frituriser, lambadiser, déchettiser, popcorniser, désinformer, déstabiliser, démocratiser

- Quelle démocratie ? La démocratie « produit de luxe pour friqués » qui se vend dans les magasins Duty Free des grands aéroports internationaux ? Et qui est fabriquée par les enfants kwashiorkorés du reste du monde dans des ateliers insalubres en sous-sol ? La démocratie des terrains de golf, des stades de base-ball, des plages de surf et des clubs de fitness ?

restructurer, réajuster, exiger un rendement sur investissement d’au moins quinze pour cent, paupériser, numériser, modéliser, breveter, référencer, matriculer, pauperiser les hommes et les femmes et les enfants de la planète entière.


Même les sonnettes sont gelées


Un mardi d’hiver.

A Saint-Gilles, dans le quartier de la place Morichar. Ou à Anderlecht, du côté de la place de la Résistance. Ou à Ixelles, à proximité de la place Flagey.

Vers cinq heures quarante-cinq, l’heure de la tournée des poubelles, près d’une heure avant le passage des éboueurs.

L’aube tarde à venir. Même les sonnettes

- Quand les sonnettes ne fonctionnent plus, il suffit de lancer des cailloux sur la niche du chien, non ?

- A Saint-Gilles, les chiens dorment à l’intérieur ! En été comme en hiver ! Et un règlement de police leur interdit d’ababaabaababoyer avant six heures du matin !

sont gelées. Plus personne n’ouvre à plus personne. Les rideaux de fer et volets métalliques des boutiques de mode frissonnent discrètement. En s’efforçant de ne pas faire trop de bruit.

C’est alors qu’un « sans domicile fixe », grelottant comme un porcelet qui vient de naître, entreprend de casser l’indifférence, le silence et le froid. Et de péter la vitre d’une épicerie. Avec un pavé. Et de s’emparer d’une bouteille de rhum blanc Et de péter la vitre d’un magasin de vêtements. Avec un pavé. Et de s’emparer d’un manteau rouge.

Hilare qu’il était, le père Noël !

AnaCo 1 - L'ami secret de la maîtresse cachée - Il ne faut pas attendre dix-huit ans pour tuer son père

Didier de Lannoy
La vie au taux du jour
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 1
Première compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : dépêches (littérature « immédiate », sketches interactifs, croquis à la carte ou dazibaos bringues-zingues-dingues, que sais-je…) dont certaines ont déjà été placardées sur internet ou spammées sur Outlook… dans lesquelles je m’autorise à exercer, en toute liberté, mon droit de citoyen de me mêler de n’importe quoi… et surtout d’ « affaires » dont on m’a bien fait comprendre que je n’y connaissais rien et qu’elles ne me concernaient pas du tout… et que j’avais plutôt intérêt à fermer ma grande gueule.
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac



Sur l'agnace AnaCo, voir aussi:
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Sur le Congo, voir aussi (notamment):


Les camions militaires


En début de soirée, des camions militaires, roulant à vive allure, écrasent

- Le sable, les phares, on n’y voit rien !

les enfants qui jouent

- Trop près de la route ! Imprudemment ! On devrait arrêter les parents ?

au bord de la chaussée… et quémandent du chewing-gum, un sourire, des peanuts et du pop-corn et des cookies, un signe de la main… mais les chauffeurs ont reçu des instructions très précises et

- Dans l’obscurité, il est interdit d’arrêter un convoi !

poursuivent leur route.

- Ces salauds d’enfants de salauds seraient bien capables de nous lancer des pierres ou des cocktails Molotov !


Le corps d’une petite fille est projeté en l’air et percute le pare-brise d’un des véhicules.

La tête de la gamine explose, la cervelle et le sang giclent.


Le chauffeur est aveuglé mais

- Un très bon élément ! Un soldat discipliné, prêt à mourir, dressé pour tuer ! Un excellent conducteur !

ne perd pas le contrôle de son engin et continue de foncer vers la base


Nouvelles socio-économiques


Il s’en passe des choses sur terre !

La Banque centrale européenne plaide pour une diminution des taux de cholestérol. Une plateforme pétrolière barbote dans les eaux tempétueuses du lac des Cygnes. Et, pour une Nana Benz, avoir une relation sexuelle avec un adolescent vierge

- Take care !

est la meilleure façon d’avoir de la chance en affaires.

Ou vaut-il mieux déposer sa culotte, sa guêpière, ses bagues de pied et son soutien-gorge sur la tombe d’un

- Combien de références sur Gooogle ?

célèbre rabbin de Galilée ?


Dans le forêt de Saint-Hubert


Insécurité grandissante dans la forêt de Saint-Hubert.

Comment honorer un rendez-vous

- Au clair de la lune ! Dans un kikoso ! Au pied d’un chêne ardennais ! Devant la piscine de Saint-Ghislain (un lieu idéal, coincé entre un hall de sports, des écoles et des parkings déserts en soirée) ! Devant l’église du Finistère !

avec la Bienheureuse Anuarite ou le Petit Chaperon rouge, effectuer une livraison de shit et rendre visite à une grand-mère malade qui habite au plus profond des bois sans se faire agresser par des « éléments » de Guillaume de la Marck, couverts de peaux de bêtes, pourchassant les sangliers avec des épieux, s’aspergeant l’entrejambe du sang de leurs victimes ? Et leurs molosses, ogres-loups, loups-garous, voleurs de chats et de petits enfants, chiens marrons réfugiés dans les forêts ?

Trop d’interdictions de se promener, trop de

- Sortez de la voiture ! Montrez les papiers ! Ouvrez le coffre ! Donnez l'argent !

contrôles des eaux, de vérification des tiges, de perquisitions dans les taillis et d’inspections des feuillées

- Quels fretins, quels lapins, quelles baies, quels champignons sauvages avez-vous dérobés ?

opérés par des crocodiles ivres de vin de palme fermenté et de miel produit par des abeilles ayant butiné une charogne ou des fleurs toxiques.

Trop de déversements sauvages, trop de braconnage, trop d’arbres fruitiers abattus (manguiers, palmiers, avocatiers, safoutiers, cocotiers) pour en faire du bois de chauffage…

Les renards et les sangliers vont-ils devoir de changer de forêt ou s’installer en ville ?


Rhum jamaïcain et mondialisation


Un cadavre hongrois (dé-

- Et ne pouvant expliquer sa présence en ces lieux ! Mais niant tout implication dans le bazar !

couvert) dans un tonneau de rhum (et bu) jamaïquain (par des travailleurs clandestins originaires d’Asie et d’Afrique), c’est ça la mondialisation, non ?

Et aussi la création d’asbl spécialisées dans la commercialisation (en Europe et aux Etats-Unis) d’enfants volés en Equateur et au Vietnam. Et aussi la constitution de clubs de rencontres visant à recruter des filles de l’Est et à les placer sur les trottoirs des pays membres de l’Union européenne. Et aussi l’épandage des déchets toxiques « internationaux » dans les décharges en plein air d’Abidjan Et aussi la tonte des pèlerins hindous et la revente de leurs cheveux aux stars d’Hollywood. Et aussi la sélection de virus dans des laboratoires américains et la très large diffusion dans le monde de maladies vénériennes et paludiques particulièrement rentables.


On ne paie pas

- Pas encore ! Mais la situation actuelle leur est absolument insupportable ! Ils vont certainement s’organiser en conséquence ! On peut leur faire confiance !

la lune, on ne paie pas le soleil, on ne paie pas la pluie ni l’air que l’on respire mais ça ne saurait tarder

car ils ont déjà tout breveté.


Ils se sont appropriés et ont déposé des brevets sur les hommes, les femmes et les enfants et

sur toutes les variétés d’espèces

les troncs et les lianes et les chênes et les manguiers et les ibiscus et les mangoustans et les grains de maïs et les racines de manioc et les plantes médicinales et les champignons hallucinogènes et les mousses et les perroquets et les hirondelles et les fourmis et les araignées et les chenilles et les escargots et les loups et les tigres et les terres et les mines et les feux de brousse et les feux de forêt et les eaux du fleuve et les eaux des rivières et les vents qui descendent de la montagne et les vents qui montent de la mer

de la planète entière


Une carpe tente une grimace


Une jeune carpe sort la tête de l’eau et

la naïve cligne de l’œil et la ravissante tire la langue et l’accorte tente une grimace et

- Eh là ! On ne fait pas rire les vieux pêcheurs à la ligne !

l’asticotier saisit son épuisette et s’empare de la coquine et

attrape la jeune carpe par les parties charnues (les mamelles et les mouillettes) et mord l’oisillonne derrière les oreilles et

- Eh oui ! Comme un micheton donne un bisou dans la nuque ou dans le cou d’une cruelle !

jette la pauvrette dans une poêle d’huile bouillante

- Eh hop ! Frire c’est rire, mademoiselle !


L’ami secret de la maîtresse cachée


Lundi soir, dans une maison

- Même le GPS des flics se serait fourvoyé !

introuvable (une baraque isolée, sombre et froide, dont le bel étage se trouvait à la cave ou au grenier, près du chemin de fer, au bout d’un chemin de terre qui ne débouchait sur nulle part) (construite à la fin du XIXème siècle par des bagnards tuberculeux) (pour une maîtresse

- Les enfants ne doivent pas être au courant !

qu’on ne voulait montrer à personne) (elle était lasse, elle passait son temps à attendre, on lui avait dit qu’elle était recherchée par la police et elle avait toujours peur de sortir et d’être arrêtée dans une cabine téléphonique lorsqu’elle se brossait les dents ou se donnait un coup de peigne) un jeune mâle âgé de trente-quatre

- Qu’y a-t-il entre ma maîtresse et vous ?

ans a-t-il été, alors qu’il quittait les lieux (un témoin prétend avoir aperçu un vieil homme épiant, dans la nuit, la fenêtre éclairée de la chambre à coucher) (se planquant et

- Cette femme est beaucoup trop turbulente pour moi ! Elle ne me respecte pas ! J’aurais dû la faire lobotomiser ! Et refermer ensuite sa boîte crânienne avec un révolver à clous !

sanglotant), abattu de deux coups de fusil dans le dos par un amant jaloux qui avait hérité de l’arme de son grand-père ?

Aurait-il eu trente-trois

- Répondez ! Identifiez-vous !

ans, peut-être ne se serait-il pas enfui comme un voleur et aurait-il été touché de face, en plein dans les douilles ?


La foudre frappe


Surpris par l’orage au retour de Matonge, l’intruse s’accroupit sur le sol, les bras autour des jambes, comme si elle faisait pipi sur un pot de chambre ou dans un avaloir.

Assise sur ses talons aiguilles, devant un crocodile qui attend qu’on le nourrisse et qu’on lui jette une souris, osant à peine bouger, attendant qu’il s’endorme ?

Et voilà que soudainement, la foudre se jette sur le toit de l’église Saint-Boniface et que corps de l’intruse, imbibé d’alcool, prend feu comme une torche ! Et voilà que celle-ci se redresse, comme une prêtresse inspirée par Zeus, lève les bras au ciel et

- Repentez-vous, mécréants, avant qu’il ne soit trop tard ! Régularisez votre titre de séjour sur terre ! Convertissez-vous et recommandez votre âme à Dieu !

prophétise la fin du pétrole

La foudre ne frappe jamais deux fois la même personne. Une fois suffit (en haut, en large et en travers).


La prochaine victime sera donc un résident de la Province Orientale :

soit un réparateur de moto

- Victime d’un coup de foudre, le malheureux mécanicien s’en sortira douloureusement : la braguette calcinée et un trou dans le derrière !

travaillant habituellement sous un manguier aux environs du stade Lumumba dans la commune de la Tshopo, à Kisangani…

soit deux femmes mariées qui seront foudroyées en pleine veillée mortuaire à Lubunga, sur la rive gauche du fleuve Congo…

On soupçonnera un marabout connu sous le nom de « six mille six cents volts » et habitant la commune de Kabondo.


C’est toujours un suicide


Quelqu’un naît rue des Eperonniers. C’est déjà un suicide.

- Tout s’est passé très vite ! Personne n’a eu le temps de bouger !

Et quelqu’un y meurt aussi. C’est encore un suicide.

- Personne n’est intervenu ! Personne ne voulait rater son train !


Chinchards


Quelques 2.200 tonnes de poissons chinchards, contenus dans 7.300 cartons et constituant le premier arrivage d'une commande passée à l'étranger par une importante société agroalimentaire de Kinshasa sont attendues vendredi prochain au port de Matadi.


Un deuxième bateau, ayant dans sa cargaison 2.400 tonnes de poissons chinchards, emballés dans 8.000 cartons, accostera à Matadi, dans les deux prochains mois.



Il ne faut pas attendre dix-huit ans pour tuer son père


Parti au travail, vers six heures du matin (dans les charbonnages, aux ACEC, chez les confitures Materne, chez Citroën ou comme chauffeur de lève-conteneurs), avec un guignon de pain et une épaisse

- Ça me fait la journée !

tranche de lard et revenu vers vingt et une heures, épuisé, affamé, complètement éméché, le Père s’assied (dans la cuisine, le regard fixe, les bras croisés, sans mot dire, longtemps) (la Mère se demandant s’il manque quelque chose sur la table) (du sel, de la bière ou du pain) et puis, brusquement, le Père se met à gueuler

- Mais c’est froid, tout ça !

se plaignant du dîner (des carbonades à la bière et

- Tu sais bien pourtant, Bobonne, que j’adore les poissons rouges ! A la poêle ou en grillade !

des patates bouillies) que la Mère a préparé depuis midi et qu’elle vient de réchauffer à la hâte et le Père

- T’es nulle, Bobonne ! Dégage ! Disparais de mon paysage ! Tu n’vaux plus rien ! A s’demander pourquoi j’ te garde encore !

jette son assiette par terre, renverse se chaise et le Père se cas-

se la gueule, es-

saie de se relever, se montre menaçant, lève le bras pour frapper.


Et moi, le Fils, qui assiste à toute la scène, je dois sûrement intervenir ? Mais je suis censé faire quoi ? Quel est mon rôle dans cette comédie ?

D’abord je lance un pot de mayonnaise à la tête du gueulard ? Puis je plonge la main dans un tiroir de la cuisine, en retire un long couteau et

je le plante dans le sternum du furieux ?

Puis je perfore l’aorte, le foie et le pancréas du forcené ? Puis je coupe le zizi de mon géniteur avec un cutter (celui que la femme du forgeron utilise pour cisailler les chairs les plus intimes des demoiselles imberbes) ou à l’aide d’une guillotine (celle dont on se sert pour décapiter les autruches) ?


Et puis, quand même, y a pas qu’ça dans ma vie, j’ai autre chose à faire et

- A la revoyure !

hop, je me taille et

hop, je rejoins mes copains au coin de la rue ?

Ou au snack ou au bowling ? Ou à la discothèque Soho (anciennement appelée « Le Bal ») où quelques jeunes mâles, très agressifs, se disputent le droit de féconder le plus grand nombre possible de femelles ? Ou dans le hall d’un immeuble de l’avenue Henri Schoofs, à Auderghem ?

Il ne faut certainement pas attendre d’avoir dix-huit ans, mieux vaut tuer le Père avant !


Il y aura toujours quelqu’un derrière


On me

- Fais gaffe à ne pas être victime d’un « accident d’arme à feu » ! Ou d’un « accident de lit » ! Ou d’un « accident d’échelle » ! Ou d’un « accident de crabe » (être cisaillé par les pinces d’un tourteau et se retrouver amputé d’un bras) ! Ou d’un « accident de manège » (chuter de dix mètres de haut, sans parachute, dans un parc d’attraction du nord de la France) ! Ou d’un « accident de plage » (se prendre les pieds dans des algues carnivores) ! Ou d’un « accident de serpent ou de cocotier » (recevoir un serpent ou une noix de coco sur la gueule) (tout le monde devrait savoir qu’il est imprudent de croquer une mangue, de fumer un joint ou de forniquer sous un cocotier) ! Ou d’un « accident de tronçonneuse » (perdre trois phalanges de la main droite) ! Ou d’un « accident de pioche, de pelle ou de bèche » ! Ou d’une « accident de circulation » au croisement des avenues Kasaï et Dodoma (voulant éviter une camionnette, un taxi-bus finit sa course dans une boutique, hic !) dans la commune de Barumbu ou au croisement des avenues Croix-Rouge et Luambo Makiadi (un automobiliste percute un motocycliste lequel renverse une jeune dame attendant un moyen de transport au bord de la route tandis que la moto du type, abandonnée sur la chaussée, se retrouve écrasée par un taxi-bus, eh !) dans la commune de Kinshasa ! Ce sont des choses qui arrivent

met en garde. On menace de me couper l’accès à la boîte mail Yahoo et de me déporter sur l’île de Porto Santo (seize kilomètres de long, sept de large, un volcan craint et respecté, une maison de Christophe Colomb et même pas de base américaine) dans l’archipel de Madère

- Jamais je ne mourrai par hasard ou par accident ! Il y aura toujours quelqu’un derrière qui m’aura poussé !

Cinq patrouilleurs, assis sur des casiers de bière ou des chaises de jardin déglinguées, ont installé une « barrière » et montent la garde au bord de la petite route empierrée qui conduit à la montagne et se servent d’une planche à roulettes hérissée de barbelés, de clous et de lames de rasoir pour obliger les chauffeurs de tracteurs, de camions

- Stop, citoyen ! Vous pissez de l’huile sur la voie publique, citoyen ! Amende !

de quads et de katkats à ralentir, à s’arrêter, à saluer et à s’acquitter de leur « participation aux frais » de restauration de l’ordre public et de protection de la nature. Ils ont établi, de façon tout à fait symbolique, un barrage

- Les voyous m’attaquent, me dépouillent et puis prennent la fuite. Les patrouilleurs, c’est pire. Ils dressent un barrage, me braquent sur la route des Poids Lourds (au niveau de Congo Container, à Kingabwa, vers vingt et une heure) et puis ces salopadts ne s’enfuient même pas, ils restent à la même place, attendant leur prochaine client. Et c’est moi, la victime, qui dois prendre la fuite !

de vieux pneus et de jantes rouillées et fouillent

- Et me réclament encore deux euros pour laisser passer mon vélo ! Et un euro pour mon chien !

mon panier à provisions chaque fois que je reviens du marché.


On me surveille

Chaque fois que je me retourne, il y a un type qui renoue ses lacets !

depuis toujours. Et ne voilà-t-il pas que

- Par inadvertance !

je suis tué par la chute d’un arbre que je suis en train de scier dans une région montagneuse de France. Et ne voilà-t-il pas que l’arbre, abattu, rebondit. Et ne voilà-t-il pas que je me prends le tronc de l’arbre en pleine poire.

Oh, que ça arrange beaucoup de monde !

Oh, qu’on ne me pleure pas mais qu’on assiste à mes funérailles (pour éviter les entourloupes et autres résurrections miraculeuses) !

Oh, qu’on décore l’arbre et qu’on l’arrose de bonheur en lui pissant sur les racines !


Ou, peut-être, me suis-je suicidé, à la demande générale

- Comment ne pas soupçonner tout le monde ?

- De n’importe quoi ?

- Bien sûr ! Et de tout le reste aussi !

les mains liées derrière le dos, avec l’aide de la police, pour accomplir la destinée qui m’était dévolue ?

Et mes funérailles se sont-elles transformées en fête ?


A Kindu, dans la province du Maniema


Toutes les portes étaient fermées. Les membres du personnel administratif du gouvernorat, impayés depuis huit à neuf mois, étaient assis par terre, la tête entre les mains en signe de tristesse et de désespoir.

Mais, attention, nous déclare le conseiller politique du gouverneur, il ne s’agit absolument pas d’un mouvement de contestation ou d’un débrayage.

- Ici, il n’y a pas de grève ! Le policier qui monte la garde la nuit a oublié la clef chez lui, c’est tout !


La Suisse


La Suisse a fermé ses volets

La Suisse est une moule pourrie qui refuse de s’ouvrir

La Suisse s’étouffe dans un sac de pèze

La Suisse est charançonnée

La Suisse est une souricière.


Et la Belgique bientôt aussi ?


Hawa Diallo


Madame Hawa Diallo, ressortissante

- Sale pute ! Sale cochonne noire que tu es !

de la République de Guinée a été jetée dans un fourgon, battue et

- Un agent a déchiré mon slip et m’a dit : j’ai vu ton cul, t’es même pas ronde !

insultée par les policiers fédéraux belges chargés de procéder à son expulsion.