dimanche 2 mai 2010

AnaCo 1 - Des caillasseurs aux vacances d'été en Méditerranée

Didier de Lannoy
La vie au taux du jour
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 1
Première compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : dépêches (littérature « immédiate », sketches interactifs, croquis à la carte ou dazibaos bringues-zingues-dingues, que sais-je…) dont certaines ont déjà été placardées sur internet ou spammées sur Outlook… dans lesquelles je m’autorise à exercer, en toute liberté, mon droit de citoyen de me mêler de n’importe quoi… et surtout d’ « affaires » dont on m’a bien fait comprendre que je n’y connaissais rien et qu’elles ne me concernaient pas du tout… et que j’avais plutôt intérêt à fermer ma grande gueule.
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac



Sur l'agnace AnaCo, voir aussi:
http://anaco2.blogspot.com/

et
http://anaco3.over-blog.net/

Sur le Congo, voir aussi (notamment):




Les caillasseurs, les suceurs de sang et les déboulonneurs de rails


Au moment du décollage, un avion de type Beechcraft, immatriculé ZSPJY, affrété par la Commission électorale indépendante, a « essuyé des tirs » de pierres. Les projectiles ont été lancés par une bande

- Manipulés par des forces négatives (et obscures) ! Opérant sous l’emprise d’esprits crépusculaires (et maléfiques) !

de caillasseurs, très énervés, du quartier Air-Congo (longeant l’aéroport de la ville de Bandundu). Aucun projectile n’a cependant touché l’appareil qui, finalement, a réussi à décoller normalement.

Le processus électoral n’aurait pas été atteint et se poursuivrait « régulièrement ».


Cachant de grosses seringues de soixante millimètre dans les poches de leur pantalon, des suceurs de sang

- C’est la nuit… la nuit… la nuit… seulement la nuit qu’ils opèrent !

ont tenu éveillés des centaines d’habitants (qui se sont mis à chanter, à battre du tambour, à pousser des cris stridents, à hurler des slogans) de la ville de Goma, en dehors de leurs habitations, rassemblés autour de feux, aux croisements des rues et aux rond-points, tandis que soufflait un vent violent

dans les quartiers populaires de Birere, Katindo et Mabanga

à partir de minuit, jusqu’aux petites heures

- Ne cédons pas aux rumeurs ! Gardons notre sang-froid ! Méfions-nous des voleurs qui pourraient profiter de l’occasion pour opérer tranquillement ! Préparons le second tour du scrutin présidentiel !

de l’aube.


La bande des déboulonneurs de rails de la Société Nationale des Chemins de fer Congolais SNCC ont encore frappé. Ils ont opéré à la hauteur de Tshiela-Mbumba avec, semble-t-il, pour mission d’empêcher le passage d’un train destiné au ramassage des produits agricoles (maïs vert et manioc frais ?) à Mweka.

On les soupçonne d’être

- Sûrement !

à la solde d’Al-Qaida ou d’un candidat malheureux aux législatives du trente juillet dernier ou d’un commerçant expatrié de la ville de Kananga, « grand opérateur économique de la place », « grand importateur de produits de première nécessité » et « grand bienfaiteur de la population urbaine défavorisée», marchand de cartons de chinchards et de poulets surgelés (poids neuf à poids treize) (conservés dans un frigo mortuaire de six places offert au monde de l’entreprise par un organisme de coopération internationale), de cartons de poissons salés et séchés en provenance de Chine, de plateaux de mayonnaise importés des Emirats Arabes Unis (qui, lors de leur débarquement au port de Matadi, avaient été déclarés impropres à la consommation par l’Office Congolais de Contrôle) et de boites de conserves (petits pois chinois, couscous libanais, choux bruxellois, tomates italiennes, maïs américain, haricots verts danois, flageolets français, sardines marocaines, choucroute allemande et corned-beef argentin) gondolées et rouillées.


Oyebi bango ?


- Connaissez-vous personnellement le chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste, Son Eminence Simon Kimbangu Kiangani, petit-fils du Prophète, né le 15 octobre 1951, le jour même de la mort de son grand-père (dont on doit, évidemment, supposer qu’il est la réincarnation) ?

- Non !

- Et le patriarche Kayuwa Tshibumbu wa Kapinga, chef spirituel et représentant général légal de l’Eglise du Christ Lumière du Saint-Esprit au Congo ? Et le pasteur Kunthino Fernando, responsable de l’église « Armée de la Victoire » ? Et le général Sony Kafuta Rockman, chef spirituel de l'église « Armée de l'éternel » et président du Conseil des sages des églises de réveil ? Et le prophète Debo Balinga, chef du « Ministère prophétique Viens et Vois » ? Et le président du chapitre Kin-Marché central de la Communauté internationale des hommes d’affaires du Plein évangile RDC (Full Cospel), Francis Lomamy ?

- Non ! Non ! Non ! Non ! Et non !

- Et le vice-Président de la République et président national du Mouvement national de libération du Congo, Jean-Pierre Bemba Gombo ?

- Non !

- Et le fondateur de deuxième empire Luba, un chasseur venu de l’Est (avec les siens), portant le nom d’Ilunga Mbili Kiluwe kia Buhembe, ancêtre mythique des Bena Lulua, des Baluba Lubilanji, des Baluba Shankadi et des Bena Kanyoka ?

- Non !

- Et l’artiste musicien Jean Pierre Bimoko-Bia-Nkokila, également préfet des études à l’institut Saint Jean- Baptiste de la Commune de Bumbu, qui a lancé, vers le mois de décembre 2005, sur le marché du disque chrétien de Kinshasa, un nouvel album intitulé « Mon peuple périt faute de connaissance » ?

- Non !

- Et Monsieur Kimbata Sébastien, couturier de son état, habitant la commune de Kimbanseke, qui s’est fait couper l’oreille gauche par son gendre (lequel n’arrêtait pas de battre son épouse !) pour avoir (afin d’éviter le pire !) repris (comme un commerçant impayé !) sa fille et l’avoir remariée à (plus sérieux ! ) un autre homme?

- Non !

- Et Madame, Marie-José Ndelela, chef de secteur de Kakangayi (situé dans le territoire de Miabi, au Kasaï-Oriental) qui se plaint du comportement des agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR) et des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) parce qu’ils s’autorisent à rendre des jugements en matière de divorce en lieu et place du tribunal de paix ?

- Non, je ne connais plus grand monde là-bas ! Et tous mes amis ont vieilli ! Moi aussi !


Les chefs de camp


- Profession ?

- Chef de camp !

- Quel camp ? Camp de rééducation par le travail pour déviants politiques ? Camp d’extermination ?

- Camp de concentration et de déportation pour immigrés clandestins ou candidats réfugiés !


On sort toujours de la maison pour se soulager… quelquefois on en meurt, quelquefois ça sauve la vie.


A Iyonda, après avoir pris son repas du soir, Monsieur se soulage dernière sa maison et … surprend un

- Un militaire ?

voleur dans la réserve et… se reçoit une balle dans la tête.


A Bunzombali le chef de secteur de Bobito prétend effectuer des contrôles de salubrité et de sécurité, inspecter les toilettes

- Fouille des sacs à l’entrée des lieux de culte ! Ouvertures des coffres des voitures, des cercueils et des parapluies !

et encaisser des taxes et redevances… La population, très en colère, met le feu aux neufs maisons de la chambre administrative du groupement de Bubiatandala. Fort heureusement pour lui, au moment de l’attaque, le chef de secteur était sorti pour se soulager.

Quelquefois, ça sauve la vie d’avoir trop bu.


Malodore


Avant, on déshydratait

- C’est qu’elles boufferait toutes nos salades, ces rongeuses-là !

les limaces en les arrosant de sel de cuisine.


Aujourd’hui, à Argenteuil, sous le règne de Sarkozy, on fait pulvériser un produit

- Sans danger pour la santé des personnes ! Ça pique les yeux, la gorge et les narines, tout simplement !

répulsif et nauséabond pour inciter

- Des marginaux, des clochards, des soûlards, des mendiants ! Des bruyants et des puants ! Les riverains se plaignaient, à juste titre, de chambard excessif et d’une « gêne olfactive anormale » !

les sans-abri à ne pas stationner au centre-ville, lutter contre l’alcoolisme et la pauvreté

- On aurait pu épandre du pesticide ou de l’insecticide autour des bancs publics, aux alentours de la gare et des arrêts de bus, sur les trottoirs et dans les galeries marchandes, devant l’entrée des églises et les sorties de secours des centres commerciaux ! On ne l’a pas fait !

et mettre ainsi fin à la prolifération des pigeons, des cafards et des rats.



Les noces de Cana


Noces à Cana. De nombreuses familles rassemblées. Une grande maison bombardée. En pleine nuit. Les eaux chan-

gées en sang. Près de trente morts dont une mère et ses cinq enfants. Tous des habitants du village. Et un bonhomme venu d’ailleurs, dont les gens du quartier ne

- Il serait venu de Palestine !

savaient pas trop d’où il venait, ni

- Il serait du Hezb’ !

ce qu’il faisait, ni

- Il s’appellerait Jésus !

comment il se nommait… un grand type maigre à la barbe fournie.


Les fées


Toutes les fées ne sont pas gentilles.

Un pasteur, responsable du Service de contrôle de la paie des enseignants en a fait la triste expérience. Ayant procédé au retrait des fonds destinés à la paie des professeurs de deux territoires éloignés du chef-lieu de la province, le pasteur s’en est allé boire un verre dans un nganda. Il y a rencontré trois fées, portant des perruques bleues, et n’a pas pu s’empêcher

- Botala, botala !

de leur montrer qu’il était riche. Elles l’ont aussitôt invité à partager leur maigre repas

- Ce ne sont que des bisamunyu ! Mais c’est nous-même qui les avons préparées !

dans le petit hôtel qu’elles occupaient à proximité du marché. Le pasteur n’a pas pu résister à la tentation. Une fois dans leur chambre, les fées ont invité le pasteur à damer et l’ont fait boire et l’ont fait danser. Le pasteur n’a pas pu résister à la tentation. Elles lui ont alors proposé

- Par amitié !

de mettre leurs pouvoirs magiques à son service

- Si tu le veux, nous pouvons multiplier ton lard, tu sais ! Nous les fées, nous avons ce pouvoir-là, tu sais ! C’est quelque chose de très simple, comme la consécration et la multiplication des saintes espèces, quoi ! Tu veux essayer ? Tu le veux vraiment ? Il suffit de nous passer le fric et on t’en remet le double dans deux jours ! Pas moins, pas plus ! On fait comme ça ?

Le pasteur, une fois encore, n’a pas pu résister à la tentation et a remis ses paquets d’argent aux trois fées, portant des perruques bleues et des strings violets, avec la promesse d’en recevoir le double. Les trois fées l’ont encore fait boire et fait danser et lui ont sorti le bisamunyu du pantalon et

- C’est pas terrible, ton légume ! Nous, ce qu’on aime, c’est la plantain « vraie corne » !

ont vainement soufflé dedans pour le faire grossir. Puis elles ont encore fait boire le pasteur et l’ont encore fait danser. Puis elles lui ont fait goûter

- Qu’est-ce que c’est ?

- Un dessert ! Comme chez les Bulankos !

des tranches de cramique au cannabis tartinées de beurre rance. Puis elles ont subrepticement versé

- du Roche 4 ?

un somnifère dans le verre du pasteur et, aussitôt après qu’il se soit endormi, elles ont disparu.

Les assiettes tables étaient encore sur la table, le lit n’était pas fait, les tiroirs de la commode étaient ouverts, la télévision était allumée… mais personne dans l’hôtel ne les connaissait plus. Et personne, dans l’hôtel, ne les avait jamais rencontrées.

C’étaient des fées, quoi !


Hold-up dans une église


On a braqué un curé en train de raconter sa messe.

- Mets la tête et les mains sur la table ! Donne les clefs du coffre où tu planques ta vaisselle en or et tes rondelles de pain « rompit » ! Dans quelle sacoche as-tu caché la recette de la journée ?

Tête inclinée, yeux baissés, en intimité avec Dieu, imbus de leurs problèmes, pétrifiés, terrorisés, les fidèles n’ont évidemment rien remarqué et se sont bien gardés d’intervenir…


Guerre urbaine à Kinshasa ou à Sao Paulo ?


Des commissariats et des voitures de patrouille ont été incendiés. Des policiers ont été assassinés. Des femmes ont été violées. Des églises ont été

- Par des sorciers vindicatifs, nourrissant une vieille rancune contre l’église catholique romaine et apostolique ?

saccagées et pillées. Des supporters de l’une ou l’autre des deux grandes équipes restant en compétition ont

- On a même pillé Inzia, le restaurant de la reine-mère, à la Gombe… des hommes en armes… la nuit…entrés de force… peu après onze heures … des déboulonneurs de rails ou des suceurs de sang… manipulés par des forces obscures… affamés et assoiffés…

chié dans les confessionnaux, uriné au pied des autels, forcé les tabernacles. Des rafales de mitrailleuses ont été tirées sur des bâtiments publics et

- Dont ceux du Parquet ! Et de la Cour suprême !

des agences de banque et des grands magasins.

Très tôt, des tirs d’armes ont également été entendus du côté de Yolo et de Lemba.

Un requin-drone, de fabrication israélienne mais de nationalité belge, espionnait Kinshasa pour le compte de l’Eufor. Depuis déjà deux heures, il survolait la ville, surplombait, stationnait, rapportait, dénonçait, cafardait, mouchardait puis remettait les gaz. Devenu la cible d’un tireur d’élite

- Ou d’un incivique et d’un fumeur de chanvre qui exercerait ses talents au niveau de la Funa ? Ou d’un étudiant de l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées (qui aurait déjà, la semaine dernière, avec ses camarades jeté des pierres sur le train urbain de l’Onatra assurant le trafic entre la gare centrale et Kasangulu, au passage à niveau de Ndolo, lorsque le train est obligé de ralentir sa vitesse) ? Ou d’un caillasseur qui serait venu de la ville de Bandundu et, plus précisément, du quartier Air-Congo longeant l’aéroport (et qui, il y a quelques mois, aurait lapidé un avion de type Beechcraft, immatriculé ZSPJY, affrété par la Commission électorale indépendante) (mais l’appareil aurait pu décoller normalement et le processus électoral n’aurait pas été atteint et se serait « poursuivi normalement ») ?

le drone a tenté de s’enfuir et de revenir se poser sur l’aérodrome de N’Dolo. C’est alors qu’il s’est chopé une seule balle

- Ou une seule pierre ou un seul caillou ?

de révolver ou de fusil dans les nageoires et… qu’il s’est désintégré et… qu’il s’est écrasé lamentablement, sans cependant faire de victimes, à Kingabwa, dans la commune de Limete. Sur la route des poids lourds, des jeunes gens ont mis le feu à des tas de vieux pneus pour empêcher le passage des véhicules.

Le grand marché est resté fermé. Les boutiques aussi. Les gens se sont terrés chez eux. Toute la matinée. Puis quelques bus effarouchés ont commencé à circuler. A partir de 11 heures. Et des taxis collectifs. Timidement. En roulant sur la pointe des pieds. Prêts à se mettre à couvert et à rentrer dans leur niche.


Tous dopés


La justice allemande a lancé une procédure contre un médecin anesthésiste soupçonné d’avoir approvisionné Wolfgang Amadeus Mozart, Jan Ullrich et les Rolling Stones en médicaments de gourmandise et

- Des poudres pour sourire, pour maigrir, pour grossir, pour bander, contre le stress et contre les gaz ?

de confort.

- De la cortisone qui supprime la souffrance d’écrire mais ne résoud pas en profondeur les problèmes d’inspiration ?

Des perquisitions ont été menées au domicile suisse de plusieurs candidats à l’obtention du prix Reine Elisabeth de violon.

- Ces produits sont-ils approuvés par l’Académie française ?

Baudelaire, Floyd Landis, feu Jean-Paul Deux et Antonin Artaud se retrouvent au cœur d’un vaste réseau international de dopage sanguin.

Et de cigarettes Ambassade (délit passible d’une peine de prison) « spéciales » (double délit) !

Tous ont été interdits de scène et de tournage pendant au moins cinq ans, à partir du premier septembre. Tous risquent le divorce obligatoire (décidé par l’autorité) et la suppression du droit à la pension.

Quant à Rimbaud… dont le retour en forme impressionne… et inquiète… on se demande s’il sera autorisé à s’aligner à Stockholm, au grand prix Nobel ?

Ses avocats pensent que oui… dès lors que la contre-expertise pratiquée sur l’échantillon B de l’écrivain français (déjà contrôlé

- Le masque est tombé !

positif à l’EPO à l’arrivée d’un petit à moyen prix Goncourt) s’est révélée négative… alors que tous les critiques littéraires s’attendaient à un résultat contraire … et que la confirmation de la prise d’EPO aurait dû déboucher déboucher sur une interdiction d’écrire d’une durée de deux ans… voire sur une radiation des antologies… ce qui n’aurait pas déplu à la concurrence…


L’agence mondiale anti-dopage et les laboratoires accrédités restent cependant formels.

- Les tests sont fiables ! L’échantillon B a été analysé trop tard ! La qualité de l’urione prélevée a dû, entre-temps, se dégrader !


Et les cheveux gominés,

Déclassés !

Et les préservatifs imprégnés d’insecticide ?

Malvenus !

Et les femmes ménopausées sous traitement hormonal substitutif (THS) qui souffrent de troubles auditifs et traversent l’autoroute en skate-board ?

Interdites de participation au Tour de France ! Exclues de Roland-Garros !


Tous très abattus, à toute heure


Abattu, vers 21h, à Mbandaka, alors qu’il se soulageait derrière sa maison après avoir pris son repas du soir. Abattu, dans l’après-midi, vers 15h30, au marché Makala (dans la commune du même nom, à Kinshasa), par une balle perdue, alors qu’il avait clôturé ses ventes du jour et s’apprêtait à rentrer à la maison. Abattu par les jeunes

- Lapidation, bastonnade, supplice du pneu ?

du quartier « Ndeke Zulu », dans la commune de Nzinda, à Kikwit, parce qu’il était considéré

- Ce papa-là est probablement un sorcier ! Attachons-lui les pieds et les mains et jetons-le dans la rivière ou dans l’étang ! S’il surnage, c’est un véritable sorcier ! On le repêche alors, on le sèche et on le brûle! S’il se noie, on le repêche aussi mais on ne doit pas le sécher et on ne le brûle pas ! On l’enterre comme ça !

comme responsable de la mort de son fils. Abattu à coups de couteau, par ses collègues bouchers du marché Kahembe (dans le quartier Birere à Goma), parce qu’il vendait plus de viande qu’eux. Abattu, pendant la nuit, à son poste de garde, devant un comptoir d’achat de diamant du quartier populaire « Kalala wa Nkata », à Mbuji Mayi. Abattu, vers 19h30, à 7 Km de la localité de Sake, dans le territoire de Masisi, parce qu’il refusait de se mettre à poil et de céder la clef de contact de son véhicule à des hommes en uniforme qui n’avaient jamais été tentés d’échanger une arme de guerre contre vingt tôles ondulées. Abattu, vers 23h, alors qu’il rentrait sa voiture dans sa parcelle, dans le quartier Biyela à Kimbanseke (Kinshasa)

- La victime portait sur elle une somme de 400 dollars ! Son assassin ne l’a pas volée ! S’agirait-il d’un crime passionnel ? L’ami (Popol) de la concubine (Catherine) de la victime (Robert) ferait un excellent coupable ! Arrêtons tout le monde !


Les statistiques des voyagistes belges


Les îles Canaries figurent parmi les destinations favorites des Belges.

- Il y a cinq vols par semaine rien que pour Ténériffe !

Et des Sénégalais et des Gambiens et des Maliens et des Guinéens et des Guinéens et des Sierra-Léonais et des Libériens et des Ivoiriens et des Ghanéens et des Burkinabés et des Togolais et des Béninois et des Nigériens et des Nigérians et des Camerounais et des Gabonais et des Congolais et des Congolais ?

Près de cent mille Belges vont débarquer cette année aux Canaries, toutes îles confondues.

Et près de trente à quarante mille migrants

- Nous n’avons enregistré aucune annulation, ni déclin des réservations ! Nous n’avons constaté aucun problème sur place ! A Ténériffe, des touristes ont aidé des réfugiés à accoster et leur ont donné des couvertures !

en provenance d’Afrique ?


Par ailleurs, on dit que

- Mais peut-être n’est-ce qu’une rumeur malveillante !

que Marcel Gossio, Directeur général du Port autonome d'Abidjan et personnalité « hors statistiques »

- Dont la luxueuse résidence privée a été attaquée, pillée et incendiée par des manifestants l’accusant d’avoir autorisé le débarquement de plusieurs tonnes de déchets toxiques et leur déversement dans treize décharges à ciel ouvert d’Abidjan !

a pris l’avion

- Les raisons de ce déplacement sont pour le moment inconnues !

pour Madrid.


Comme chacun sait, Madrid n’est pas une plage de vacances et ne se trouve pas aux îles Canaries, une des cinq

- En hiver, c’est même la destination numéro un !

destinations favorites des Belges.

Et des Sénégalais et des Gambiens et des Maliens et des Guinéens et des Guinéens et des Sierra-Léonais et des Libériens et des Ivoiriens et des Ghanéens et des Burkinabés et des Togolais et des Béninois et des Nigériens et des Nigérians et des Camerounais et des Gabonais et des Congolais et des Congolais.


Nuits orageuses dans les Marolles


Un jeune homme, suspecté de vol « à l’intérieur des voitures », est placé en détention préventive à la prison de Forest. Très

- Qu’on le place en cellule d’isolement !

agité. Très

- Qu’on le calme ! Qu’on lui administre de l’Haldol !

énervé. Très

- Qu’on double la dose !

excité. Et finalement

- Qu’on triple la dose ! Et ses piles seront bientôt mortes !

décédé de « mort naturelle »… Pour avoir avalé de travers un noyau de prune ? des suites d’une crise de hoquet ?


Nuits orageuses dans le quartier des Marolles et aux environs de la gare du Midi. Abribus endommagés. Night-shops saccagés. Vitres éclatées. Cinq voitures et un commerce incendiés.

Le feu a été bouté à la Maison des jeunes de la place de la Querelle.

Une mini-tornade s’est abattue sur le quartier.


Passage à tabac, coups et blessures, tortures, séquestration, empoisonnement, meurtre ou assassinat ?

- Supputations dangereuses ! Imputations dommageables ! Soupçons ridicules ! Accusations irresponsables ! Mais il avait donc des parents, des frères et des sœurs, des voisins et des amis, ce p’tit con ! Et voilà qu’ils osent, à présent, se plaindre et réclamer une expertise médicale ! On devrait placer la famille aux arrêts domiciliaires ! On devrait couper internet et le téléphone à ces gens-là !

L’autopsie

- Pas de marques, pas de coups ! Des traces de sang n’ont pas mené les enquêteurs de la cellule d’isolement (où le crime fut commis ?) à l’infirmerie de la prison (où le corps fut déposé ?)…

n’a pas permis d’identifier la cause du décès.



Mais peut-être Fayçal Chaaban, vingt-cinq ans

- C’était la période du jeune, non ? Il n’avait rien mangé, ni fumé, ni bu ! Il aura été pris d’un malaise !

a-t-il eu, ça arrive, un coup de blues ? Et peut-être Fayçal Chaaban, vingt-cinq ans, s’est-il simplement

- Il devait être affamé et ça l’aura déprimé ! C’est de son âge, non ?

suicidé ?


Cipayes


On ne peut pas demander aux Cipayes de se révolter contre n’importe quoi. La hausse des tarifs de la STIB, par exemple. Ou l’augmentation du prix de l’essence. Ou la thésaurisation des billets de banque.


Les vêtements du mort puaient la bière


Le corps a été découvert sur le trottoir ou au bord de la route, en contrebas d’une falaise d’une centaine de mètres.

Ou abandonné dans un champ de manioc, le long de la rivière N’Djili.

En t-shirt et en caleçon. Ses autres vêtements

- Avait-il voulu se jeter à l’eau, plonger dans la mer, prendre son envol, gagner l’autre rive ?

ont été retrouvés à l’endroit-même d’où il s’était élancé… ou d’où il était tombé… ou d’où on l’avait poussé

Personne n’avait assisté à la chute. Les voisins (un fermier, des campeurs, des promeneurs, des prostituées, des travestis ou le locataire de l’appartement d’à côté, au dix-huitième étage de l’immeuble) n’avaient rien entendu

Les vêtements du mort puaient

- Lui avait-t-on renversé un ou plusieurs verres de faro sur la tête ? S’était-il assis dans une flaque de stout ?

la gueuze.

Fallait-il donner une sépulture distincte à chacun des membres (un pied, la tête, les couilles, un pouce) qui s’étaient séparés du tronc ?

Deux ambulanciers blafards sont venus rechercher le cadavre. Ils ont tout mis dans un seul sac (le torse et les pièces sectionnées). Ils n’ont dit à personne où ils l’emmenaient. Personne ne le leur a demandé


Moutons


Des moutons se sont endormis (en pyjama et en bonnets de nuit pour que les chauves-souris ne s’empêtrent pas dans leur laine) alors qu’on les comptait.

Il a fallu tout recommencer.


En Afrique du Sud, après la fin de l’apartheid


Ça se passe en Afrique du sud, après la fin de l’apartheid


Un film « animalier » nous montre une belle blonde (soigneusement peignée) avec toute sa ménagerie : des guépards, des lions, des lycaons, une jeune « hottentote aux seins nus », des lions et

- Des domestiques (que la caméra nous cache) mettent des couches-culottes à deux gamins turbulents avant qu’ils ne rejoignent leur maîtresse sous sa couette !

des singes.


En Afrique du Sud, les Blancs continuent d’être bons avec les animaux sur les vastes étendues

- Les terres promises sont-elles donc toujours des terres volées… dont les habitants ont été dépossédés, chassés, déportés, massacrés ou réduits en esclavage ?

fertiles et généreuses, dont le Dieu qu’ils priaient les avait gratifiés.

Et, depuis la fin de l’apartheid, ils se contentent de gourmander et de catéchiser les grands êtres pathétiques qui, du haut des arbres, jettent de lourdes branches, des sacs de merde et des valises de pierres sur les entrepreneurs calvinistes ou pentecôtistes qui envahissent, déforestent et creusent leurs terres. Ils ne les abattent même plus.


Chez nous


Et chez vous, en Belgique, comment ça se passe ?


Chez nous, en Belgique, le jeudi 2 novembre 2006, la police de Bruxelles

- Vos papiers !

a procédé à l’arrestation de sept personnes

- Papiers ! Papieren ! Papiers ! Papiers ! Papieren ! Papieren ! Papieren !

dans les locaux de l’asbl d’aide aux sans-papiers, « Chez nous ».


Poto ekomi pasi kozua mikanda !


Chez nous, en Belgique, des réfugiés iraniens désespérés et qui s’étaient barricadés dans l’église des Minimes et qui étaient prêts à s’immoler par le feu, ont été arrêtés pour tentative d’incendie.


Chez nous, en Belgique, des agents de SN Brussels Airlines continuent de grimper sur une échelle et d’inspecter à l’aide d’un lampe torche le logement des trains d’atterrissage des Airbus.

A la recherche des nouveaux cadavres de Yaguine Koita et de Fodé Tounkara.


Et, en guise de bouquet final, je dédie cette pétarade (sans signification particulière) à Bibiane, alias Sukina, la fille de Ya Nze et de Marie Tumba, qui rêvait d'être "exfiltrée" de Kinshasa par hélicoptère, le 21 novembre 2006, quand ça bardait vachement du côté de la Cour Suprême de Justice et de la maison communale de la Gombe, tout près de l’avenue du Comité urbain

HELI - HELI- HELICOPTERE !


En fait... quand les militaires chargés de sa garde rapprochée l’ont invité, de façon pressante, à "regagner la maison du Père"... Jésus n'est pas monté, comme on aurait pu le supposer, dans un taxi-fusée (ça n'existait pas à l'époque) mais plutôt dans un hélicoptère de la Monuc qui s’était posé sur un terrain de football ou de tennis de Binza-Pigeon ou du Mont Ngaliema…


HELI - HELI- HELICOPTERE !


En ce temps-là, pour gagner le Paradis, il ne fallait pas escalader les nuages et grimper jusqu’au ciel (la terre était plate à l'époque), il suffisait de gagner un visa à la loterie organisée par les services de l’immigration des Etats-Unis d’Amérique et de franchir ou de survoler les petites Chutes, le lac de Ma Vallée, le Domaine de le N'Sele, la place de la Victoire et le Djakarta, le couloir Madiakoko, le Self Control et la Tempeta de Oro, le collège de Mbanza-Mboma, le grand marché de Kintanu, le barrage d'Inga, les Monts de Cristal, le port de Matadi, l’embouchure du fleuve Congo…


HELI - HELI- HELICOPTERE !


Le bas cours de l’Ogooué et de la Ngounié, le golfe de Guinée…


HELI - HELI- HELICOPTERE !


La vallée du Mono, la forêt sacrée de Glidji, Gbagua (la lagune d’Aneho), le Haho et le Zio qui se déversent dans le lac Togo, la tombe du roi Mlapa, le 54 et le Sunset, les Brochettes de la Capitale, le Quilombo, le gîte rural de Nassogne, le mont Agou, le plateau de Danyi, les parades équestres de Sokodé, les hauts-fourneaux de Bandjeli et de Nangbani, la vallée des « tatas », l’Atacora

- Un fleuve, une rivière ?

- Une chaîne de montagnes !

qui traverse le Bénin, puis le T. Brava (le pays de Duke Ellington et de Kangni Alem)… et finit par mourir au Ghana…


HELI - HELI- HELICOPTERE !


Jusqu'au moment où l’on arrivait à Disney World…


HELI - HELI- HELICOPTERE !


Là, Dieu règnait (entouré de ses gardes du corps) (et de ses nombreuses femmes qui l'épouillaient, lui lavaient les pieds, lui servaient à boire et attendaient ses ordres) (car, à l'époque, Dieu n'était pas féministe)... prenait des ordonnances, faisait la guerre aux infidèles, rendait la justice, distribuait des terres et des faveurs et des autorisations de séjour et des indulgences plénières et des titres de noblesse …


HELI - HELI- HELICOPTERE !


Mais, pour toute autre personne que le fils de Dieu (et, sans doute aussi, quelques « balles perdues » et autres « gitons »), avant d'entrer au Paradis et

- Poto ekomi pasi kozua mikanda !

d'avoir le droit de s’agenouiller devant le Père et de l’adorer en évitant de le regarder dans les yeux, il fallait d'abord montrer son laissez-passer aux flics (avec oreillettes et lunettes de soleil) de la sécurité, justifier disposer d’une carte Visa ou d’un compte en banque en dollars, corrompre les serviteurs du Patron, régler (sans quittance) un droit d'entrée particulièrement sélectif...

Et, après, une fois qu’on avait ses papiers définitivement en règle, il fallait encore se démerder tout seul et

- La galère !

ce n’était pas toujours la joie…

HELI - HELI- HELICOPTERE !


Et voilà !

Envole-toi ! Voyage, navigue, cours, nage, marche, fais ta vie, découvre le monde… Mais n’oublie pas

- Tu ne trouveras pas d’autre ici ailleurs…

de revenir à la maison …


Mai 2007, en Méditerranée, les vacances d’été commencent (1)


Ils viennent de Sousse, de Mourzouk, de Zouérate, de Kayes, de Dosso, de Bassar, de Djougou, de Juba, de Buchanan, d'Idiofa ou de Caxito. Ils paient au prix fort leur place à bord de navires pourris et surchargés. Ils viennent d'Erythrée, d'Ethiopie et de Somalie. Ils embarquent en Tunisie ou en Libye à destination de l’Italie...

Ils font naufrage en tentant de traverser la mer…


D’abord, ils sont ignorés par plusieurs bateaux de pêche.

Et par un cargo, un méthanier, un propanier, un paquebot, une goélette, un brigantin, un galion, un crevettier, un langoustier, un sardinier, un bananier, un thonier, un minéralier, un porte-containers, un bateau-citerne, un brise-glace, un ferry-boat, une marie-salope, une frégate, un mouilleur de mines, un contre-torpilleur, un porte-hélicoptères, un cuirassé.

Et aussi par plusieurs navires de plaisance.

Et par un magnifique yacht à moteur, tout neuf, mesurant près de 15 mètres, atteignant une vitesse de 45 noeuds, transportant huit

- Pas moyen d’embarquer plus de monde ! Les assurances ne couvriraient pas !

personnes (y compris l'équipage) et croisant au large de la petite île de Lampedusa, au sud de la Sicile.


Certains naufragés réussissent finalement à s’agripper à une cage d’élevage à thons et

- Le capitaine du navire qui remorquait la nasse refusait de les tirer jusqu’à la côte et de les amener à terre ! Il ne pouvait quand même pas risquer de perdre sa cargaison d’une valeur d’au moins un million de dollars !

dérivent pendant trois jours, en pleine mer… Et personne ne veut les recueillir.


Les cadavres gonflés de femmes enceintes et de jeunes enfants flottent sur les eaux… Et personne

- Devait-on les attraper à la gaffe ou au lasso ? Qui allait régler les frais de la mise en bière et les honoraires de l'imam ou du curé ? Un permis d'inhumer pouvait-il, régulièrement, être délivré à des personnes démunies de papiers ? Une portion, aussi infime soit-elle, de notre terre de Croisés pouvait-elle être concédée à perpétuité à des anonymes ou à des infidèles... à des « allochtones » qui ne satisfont même pas aux dispositions impératives des lois sur l’entrée et le séjour des étrangers ?

ne veut les repêcher.


Mai 2007, en Méditerranée, les vacances d’été commencent (2)


Texte paru dans « el batia moûrt soû », journal « jovial, crédule, saugrenu mais outrecuidant », n°50 du 22/06/2007


En mai 2007, le roi et

- La famille royale a toujours éprouvé de l’intérêt pour la Marine !

la reine du Royaume de Tintin se séparent avec chagrin de leur yacht personnel, l’Alpa III (dans lequel ils se traînaient lamentablement depuis

- Dix ans, pensez-donc !

tellement longtemps que c’en devenait inconvenant ?) et

prennent livraison du nouveau bateau de plaisance, le Quartour, d'une valeur d'environ 1,5 million d'euros, qu’ils ont fait construire

- Sur leur cassette personnelle ? A des conditions de faveur ? Après intervention d’un collègue, un autre éminent yachtman, un célèbre requin d’affaires qui rôde autour des ports de Malte et du Golfe de Guinée, un ami de Sarkozy, un certain Bolloré ?

aux chantiers "Rizzardi" à Sabaudia, dans la province de Latina, au sud de Rome (avec caissons de bronzage fonctionnant à l’aide de panneaux solaires ?) et

quittent ensuite le port voisin de San Felice Circeo pour gagner le large et l'île italienne de Ponza et commencent

- Comme chaque année !

leurs vacances d’été par une agréable promenade en mer dans les eaux chaleureuses de la Méditerranée.


Mais sans doute n’auront-ils même pas

- Peut-être que si ? Avec un peu de chance ?

l’occasion de rencontrer une cage d’élevage à thons à laquelle une trentaine de naufragés auraient réussi à s'agripper, au large de la petite île de Lampedusa, au sud de la Sicile ?