dimanche 2 mai 2010

AnaCo1 - Un drône s’est écrasé à Kinshasa

Didier de Lannoy
La vie au taux du jour
Dépêches de l'agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo) - Série 1
Première compil de dépêches (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de l’agence de presse privée AnaCo : dépêches (littérature « immédiate », sketches interactifs, croquis à la carte ou dazibaos bringues-zingues-dingues, que sais-je…) dont certaines ont déjà été placardées sur internet ou spammées sur Outlook… dans lesquelles je m’autorise à exercer, en toute liberté, mon droit de citoyen de me mêler de n’importe quoi… et surtout d’ « affaires » dont on m’a bien fait comprendre que je n’y connaissais rien et qu’elles ne me concernaient pas du tout… et que j’avais plutôt intérêt à fermer ma grande gueule.
Nassogne (Badja), Matonge (Bruxelles), 2006-2007
Extraits - En vrac



Sur l'agnace AnaCo, voir aussi:
http://anaco2.blogspot.com/

et
http://anaco3.over-blog.net/

Sur le Congo, voir aussi (notamment):



Un drône s’est écrasé à Kinshasa



Les dieux se connaissent tous


« L’émotion est immense ». « Tout le monde est sous le choc ». « Crime raciste ou coup de folie meurtrière ». « Le Premier Ministre est intervenu à la télévision pour calmer les esprits ». « Le Parquet d’Anvers donnera une conférence de presse cet après-midi ».

Dans leurs salons, les dieux (dont les lèvres bougent en silence) exposent des chaises « Louis machin » sur lesquelles on ne peut même pas s’asseoir (on peut à peine y déposer son mouchoir) et des canapés sur lesquels il est interdit de se coucher. Surtout à deux.

Les dieux se connaissent tous et

- D’ailleurs ils se hèlent par leur prénom !

tous les dieux (les grands dieux, les petits dieux et les dieux de divinité douteuse) se haïssent.


R comme Voltaire
et double S comme Picasso


François-Marie Arouet tourmentait Pablo Picasso. Cruellement et affectueusement. Dans la cour de récréation de l’école communale de la rue Sans Souci à Ixelles.

Le grand Voltaire félicitait le petit Picasso d’avoir découvert la grippe aviaire et la tuberculose. Mais lui reprochait de ne pas encore avoir expérimenté la masturbation

- Branle-toi très tôt le matin, Petit ! Ça te mettra de bonne humeur pour toute la journée !

Le grand prenait aussi plaisir à titiller les convictions religieuses du petit et lui racontait comment, à la fin de chacun de ses concerts, tous les dimanches matin, vers midi, au sommet du Golgotha (ou sur la place du Marché aux Grains de Courtrai) (ou dans la salle Marignan, non loin de la place Madou à Saint-Josse), Jésus, membre d’un boys band au succès oeucuménique, véritable bête de la scène, prenait son élan et sautait et plongeait, les bras en croix, sans filet, dans la foule de ses admirateurs, de ses fidèles et de ses supporters. François-Marie recommandait

- Ça craint, Petit !

à Pablo de faire très attention en allant au spectacle, de rester au fond de la salle, de se cacher derrière une colonne et

- Pour des raisons de sécurité, Petit !

de ne pas trop s’approcher de la chaire de vérité, du banc de communion et

- Et surtout, Petit, ne te laisse pas entraîner dans un confessionnal ou dans la sacristie !

de l’autel.


Combien de balles faut-il à un aveugle


Combien de balles faut-il à un aveugle ivre (attendant au feu rouge pour traverser, s’accrochant au bras d’une passante, lui tâtant la

- C’est ma façon de dire bonjour, quoi ! En posant la paume de ma main droite sur le cœur gauche des gens, non ?

poitrine, laissant tomber le sac dans lequel il a caché son fusil ou son révolver, se penchant pour le ramasser, prenant appui sur les hanches de la jeune fille, glissant la main à l’intérieur de sa jupe portefeuille) pour parvenir à assassiner

- Une a traversé la gorge du gars et ça l’a rendu complètement aphone, quoi ! Il n’a pas encore pu être entendu par la police, non ?

un tétraplégique, dans sa chaise roulante, à domicile ?


On ne compare pas le coût d’un avortement ou

- La grossesse n’est pas un signe extérieur de richesse, quoi ! On peut quand même s’en débarrasser dans la cuvette des chiottes sans tomber carrément en faillite, non ?

d’un accouchement à domicile avec celui de l’ablation d’une vésicule biliaire en chambre commune (à quatre lits) dans un grand hôpital universitaire de Bruxelles !


Avions en crise


Alors qu’il était en phase de décollage, un drone de l’Eufor s’est écrasé à Kinshasa, vers quatorze heures locales, sur le boulevard Triomphal, aux alentours du stade des Martyrs. Une femme a été tuée. Deux jeunes garçons (dont l’un est dans un état critique) et une autre femme (d’une trentaine d’années) ont été gravement brûlés. Les causes du crash ne sont pas connues. C’est le deuxième drone

- Drôles de drone !

des forces de l'Union européenne qui s’écrase sur la capitale. Le gouverneur de Kinshasa a annoncé que l’hôtel de ville allait prendre en charge les frais d’inhumation de la personne tuée et que des explications allaient être demandées aux responsables de l’Eufor. L’Eufor déplore cet accident et présente ses condoléances à la famille de la victime Les médecins de l’Eufor passent chaque jour à l’hôpital afin de s’enquérir de l’état de santé des blessés.

Un avion de la compagnie aérienne « Business » affrété par « Malu Aviation », s’est écrasé au moment de son atterrissage à Kikwit, L’aéronef, d’une capacité de 28 passagers, provenait de Kinshasa. Le crash n’a pas fait de victimes. Les dégâts matériels sont importants. Les pilotes sont rentrés le jour même à Kinshasa.

Après six mois de vie commune, enfermés dans le cockpit d’un Antonov 12, ceinturés à leur siège, sachant tout l’un de l’autre, détestant leurs passagers, le pilote et le copilote de l’avion qui s’est crashé du côté de Colmar quelques minutes après avoir décollé de l’aéroport de Brussels South Charleroi (à destination de Kasongo via Walikale) ne se parlaient même plus.


Problème de terre et de frontières, surpopulation, crise alimentaire, incursions, invasion ?


Des éléveurs

- Des Mbororos ?

tchadiens ou soudanais ont pénétré, avec leurs troupeaux, dans les savanes du territoire d’Ango, à l’extrême nord du Bas-Uélé (à 450km de Buta).

Des champs en pleine maturité (peuplés de haricots, de maïs et de bananiers) ont été broutés du côté du Lac Vert, sur route de Sake, à plus ou moins 15 km au Nord de la ville de Goma, par des vaches

- La situation sanitaire du Nord-Kivu s’améliore ! Il y a moins d’asthme chez les bovidés !

qui étaient à la recherche de nouveaux pâturages et paraissaient provenir du territoire de Masisi.


L’amour


Dans le temps, pour l’amour, les femmes ne servaient qu’une seule fois… pendant quelques semaines, quelques mois ou (si elles avaient de la chance) quelques années…

Elles étaient vierges, jetables, à usage unique…

On se permettait même de répondre au téléphone pendant qu’elles s’activaient.

Epouses légitimes et régulières, elles n’avaient pas d’autre métier (elles devaient quand même savoir faire la cuisine, coudre, laver le linge, balayer, repasser, moucher les enfants, etc) que la trique…


On les choisissait, on les « fréquentait », on les éduquait, on

- Mets-toi là ! Fais comme ça ! Ouvre tes cuisses ! Bouge comme ça ! Sors ton cul !

les éduquait, on les défonçait, on les remplissait, on les engrossait et puis, quand on s’en fatiguait, on les enfermait…


Mieux valait être maîtresse, courtisane ou

- Et c’est très dur ce que vous faites dans la vie, madame ?

- Ça dépend ! Faire l’amour dans les toilettes d’un avion, par exemple, ce n’est pas très confortable ! On en sort les seins et les reins cabossés ! Et puis tous ces gens qui tambourinent sur la porte ! Mais on n’a pas le choix ! On monte, on descend ! On ne connaît rien d’autre ! Et tous les jours, on doit se nettoyer les cuisses et le cul à l’eau de Javel ! Mais, tout de même, on voit du monde, on se fait des relations …

putain.


Professions à risques


- Quel est votre nom dans la vraie vie ?

- Hermann Fegelein !

- Et quelle est votre profession dans la vraie vie ?

- Garçon d’écurie ! Epoux (braguette ouverte) de Greti (vendant des bijoux de pacotille devant un bureau de poste bavarois, cul rebondi, décolleté plongeant), la sœur d’Eva Braun ! Officier exterminateur de la Waffen-SS en Ukraine et en Biélorussie ! Chargé des relations entre Adolf Hitler et Heinrich Himmler !

- Et dites-moi si c’est très dur ce que vous faites dans la vraie vie ?

- Pas trop ! Sauf quand je suis fusillé, à Berlin, dans la cour ou le jardin de la chancellerie (ou à mon domicile berlinois… je ne me souviens plus très bien des circonstances exactes de mon exécution), à trente-neuf ans, le 29 avril 1945, sur ordre de mon beauf (ou de quelqu’un d’autre, ce n’est pas très clair non plus… et j’ai de plus en plus de trous de mémoire), après avoir quitté le bunker familial sans autorisation, pour désertion… ou pour connivences avec Himmler et haute trahison !


Chasse (et pêche)


Depuis leur enfance, les proies ont appris à ne pas tomber malade et à courir très vite pour ne pas être mangées (des arbres blessés sont achevés par des chasseurs maladroits) trop rapidement.

Lorsque les chasseurs

- Recourant parfois à des pratiques magiques pour attraper les gazelles, les singes et les écureuils ?

- Oui, parfois ! Mais on dit que, dans ce cas-là, la viande a un goût fade et qu’elle se gâte rapidement ! Et que cette viande-là peut même tuer les enfants, surtout les filles et (même de sexe masculin) les nourrissons !

les poursuivent, les bêtes pénètrent dans les jardins et les potagers (les sangliers) et investissent les poulaillers

- Même les champignons ! Ils profitent de l’obscurité pour de glisser sous les grillages et emménager dans la cage à poules !

et les bergeries (les ours, les loups et les renards) et cherchent à se cacher dans un cagibi ou sous un tas de bois.


Tandis que

dans le territoire de Mushie

là où la M’Fimi se jette dans le Kasaï

des pêcheurs

- Inspirés par un prédicateur ?

recourent également à pratiques magiques (déversant de la « landrine » dans les eaux de la rivière) (un insecticide puissant utilisé contre les parasites de peau du gros bétail) pour attraper tous les poissons, gros et petits (et même les bébés) et répéter

- Alleluiah !

le miracle du lac de Tibériade.